Figure incontournable des Rouge et Noir depuis plus de 10 ans, capitaine et pivot charismatique, Mathieu Bataille va quitter l’USI en cette fin d’exercice pour défendre, dès la prochaine saison, les couleurs du HBC Nantes. L’occasion de lui rendre un hommage mérité après autant d'années à défendre les couleurs maison. Dernier épisode.

 

Il n’y aura pas de 262e match en Lidl Starligue pour Mathieu Bataille en Rouge et Noir, ou alors dans quelques années. Au terme de cet exercice tronqué, le fidèle pivot et capitaine tire donc sa révérence avec un total de 479 buts inscrits dans l’élite, un titre de Pro D2, quelques relevées joutes européennes et une belle épopée en Coupe de France terminée à Bercy face à Montpellier. Un bilan qui aurait mérité peut-être un peu plus de relief… Ou pas comme le détaille l’intéressé : « Je n’ai pas de vrais regrets à ce propos car évidemment gagner un titre aurait été fantastique et cette finale de Coupe de France aurait été l’occasion mais c’était très fort en face. On a été heureux de jouer à Bercy ce jour-là. Mais gagner des titres en France depuis 10 ans n’est vraiment pas chose aisée, certains clubs “moins côtés” ont réussi à le faire en passant devant Paris ou Montpellier mais ça n’a pas été notre cas. Mais j’ai joué toutes les saisons, tous les matchs, avec beaucoup de passion avec l’USI. Et ce que je retiens d’abord ce sont tous les gens que j’ai rencontrés ici. Certains ont marqué ma vie, d’autres pas car j’ai rencontré tous types de personnes. Il y en a très peu avec qui cela s’est mal passé et j’ai surtout désormais de vrais amis. Car les rencontres, les amis, c’est ce qui compte le plus, car c’est ce qui va rester après quand ma carrière sera terminée. »

Celle-ci aura débuté progressivement alors que le jeune homme n’affichait pas en grand ses ambitions mais fourbissait ses armes : « Je jouais, j’essayais d’être bon et je n’ai jamais déclaré que je voulais être pro mais en même temps, je n’ai jamais douté que j’allais l’être. Je ne suis pas du genre à dire que je veux ceci ou cela. Je suis plus quelqu’un qui fait et pour moi tout s’est inscrit dans une suite logique. Avec néanmoins des étapes et des moments clefs. Dans mes débuts, il y a eu deux matchs de Ligue des Champions où j’ai du jouer 20’ en défense et pendant lesquelles j’ai été plutôt bien. Je me suis dit que j’étais capable. Mais dans le même temps, un jour où Mohamed Mokrani a été blessé au nez, l’équipe devait aller à Barcelone et je n’ai pas été pris car j’avais été mauvais sur un match avec la réserve la semaine d’avant. Daniel Hager m’avait pris en rendez-vous et m’avait dit quelque chose comme : “Peut-être que tu n’es pas fait pour ça, peut être que tu arrives au niveau où tu stagnes et que tu ne vas pas réussir à franchir les étapes.” Ça m’avait mis un sacré coup de pied aux fesses. Après je m’étais encore plus bougé car même si je savais que j’allais y arriver, cela ne me tomberait pas tout cuit dans la bouche. Il y a aussi eu des séances avec juste Fabien Ruiz, Morgan Staigre, Daniel Hager et moi. Des séances où on se foutait sur la gueule en ne travaillent que les duels. Ça a été formateur. »

Ainsi de manière très linéaire, le jeune talent a pris ses marques au sein de l’USI, en défense, puis progressivement en attaque : « Je n’ai pas explosé à un moment et ça me correspond assez bien. Je ne suis pas quelqu’un avec un talent inné comme Diego Simonet par exemple. Moi j’ai des capacités physiques équilibrées. Je suis fort, rapide, mais je ne serai jamais le plus fort ou le plus rapide. Ça m’a donné une bonne base mais j’ai dû travailler sur tout. Je l’ai fait et je ne me suis jamais arrêté de vouloir progresser. Je ne me suis jamais dit : “Bon là, je suis assez bon, je vais rester comme ça.” Je ne me suis jamais considéré comme assez bon. Quand je sors d’un match où j’ai fait une performance assez correcte, ce qui ne me semble pas souvent être le cas car je suis assez critique sur ce que je fais, même là il y a 2 ou 3 actions qui continuent de me travailler. Et ça je ne peux pas m’empêcher d’y penser… plus qu’à celles réussies. Et dans les matchs serrés, où je n’ai pas été très bon, mais au cours desquels je vais sortir un truc qui fait la différence, je vais surtout me dire que si j’avais fait mieux que ça avant, le match ne se serait pas joué à aussi peu de choses. »

Perfectionniste, l’ainé de la fratrie a aussi su progresser mentalement, domaine où il était déjà assez armé : « Je suis passé d’un rôle où je ne devais me concentrer que sur moi et casser la tête à mon adversaire, à quelque chose de plus collectif. Quand il faut que tu arrives à gérer l’état d’esprit de l’équipe, à l’emmener avec toi, c’est autre chose. Pour arriver à devenir plus leader en devant te concentrer moins sur toi, c’est difficile. Mes performances ont pu être plus difficiles à réaliser car j’avais d’autres choses dans la tête. Il m’a fallu du temps et je crois que cette saison, j’ai été beaucoup mieux dans ce rôle, plus relâché. À un moment dans mon parcours, j’ai aussi eu des doutes sur mon tir, j’ai réussi à les gommer. »

Pour le plus grand plaisir de ses fans et du club qu’il quitte finalement pour tenter un nouveau challenge dans sa carrière. Il explique : « Je reste très attaché à l’US Ivry car c’est ma maison. J’y ai passé tellement de bons moments, j’y ai joué avec mon frère aussi, ça n’est pas rien. Et on ne part pas de sa maison sans aucune bonne raison. Il faut que ça vaille le coup. Et je crois que cette fois, c’est le cas alors que j’ai été sollicité à plusieurs reprises dans le passé. Mais pour moi, ça n’a jamais été des clubs qui étaient une marche plus haute qu’Ivry. Nantes c’est autre chose. J’ai la curiosité d’aller voir ce qui se fait là-bas avec l’opportunité de jouer un rôle important en Ligue des Champions. Je prends cela comme une opportunité car c’est normal pour un compétiteur et un sportif de haut niveau de tenter cela. C’est un moment où je vais sortir de ma zone de confort, d’un point de vue pro et perso. Aller dans une ville où je ne connais personne, découvrir un nouvel environnement, c’est assez enthousiasmant. Je suis désormais prêt pour ça. Certains le sont jeunes, moi je ne l’étais pas. »

Sous le violet du H, le cœur de Mathieu Bataille sera toujours Rouge et Noir.