Alors que la reprise officielle se présente, ce mardi, avec le déplacement des Ivryens vers Angers en 16e de finale de la Coupe de France, les hommes forts du club, le président François Lequeux, le directeur général, Pascal Léandri et le coach Didier Dinart prennent la parole pour lancer la saison. Ils savent qu’un nouveau cycle démarre pour les Rouge et Noir et pour tout le club, et avancent avec sérieux.

Le sport de haut niveau a cet avantage, qu’à chaque rentrée scolaire, quand l’été commence à doucereusement s’éclipser, de voir ses cartes rebattues et que jamais rien n’y est définitivement gravé dans le marbre. Certes, certaines cylindrées partent avec quelques avantages mais les surprises ne manquent jamais. Et une fois encore, pour sa 66e saison au plus haut niveau national, l’US Ivry voudra porter haut ses couleurs et jouer son rôle à plein, entre sagesse et performance. D’autant que cette saison, l’équipe professionnelle amorcera un tournant inédit. François Lequeux, le président détaille : « Nous sommes dans une démarche particulière cette année avec des enjeux multiples tant sur le plan sportif que structurel. Nous allons changer de statut et passer en société au mois de juin. Nous devons en faire une belle opportunité. Tout le chantier de l’année va être centré là-dessus. J’espère que nous aurons un modèle de société à la hauteur de notre histoire, de ce que nous sommes et de ce que nous avons envie de mettre en avant comme acteurs du territoire. Ce qui est certain, c’est que nous œuvrons à un sport émancipateur pour toutes et tous. Le projet de l’US Ivry Handball doit s’intégrer là-dedans et son mode de gouvernance économique et son modèle de co-construction doivent être à notre image. Nous œuvrons déjà concrètement à cela puisque nous échangeons avec nos partenaires et la collectivité de la ville d’Ivry nous a déjà assurés de son soutien et son engagement pour l’avenir. Nous communiquerons à partir du printemps afin de rassembler les énergies, des gens présents et pourquoi pas tous ceux qui sont passés par Ivry. Et si nous sommes optimistes pour la suite de l’histoire du club, il y a une part d’inconnu qui traverse le sport français. Il y a eu d’énormes moyens consacrés à ces JOP – qui ont apporté tant d’énergies positives et nous ont permis de passer un bel été apaisé à travers les valeurs de fraternité, d’émotions pures du sport – tant par l’État, que par des grands groupes incités à s’impliquer et il ne faudrait pas que cela se fasse au détriment du sport “quotidien”. Moi je partage les inquiétudes sur les problématiques d’équipements et les moyens alloués à travers le sport scolaire ou le sport tel qu’il est pratiqué à travers notre tissu des clubs en France et Ile-de-France. De notre côté, nous sommes des acteurs locaux, ancrés dans ce que nous faisons de bien : le sport de l’avenir, de la formation, dans un ancrage territorial fort vers la performance. Et sur ce dernier point, nous avons de beaux défis à relever avec un renouvellement fort de notre équipe où la formation aura de nouveau une part importante alliée à un nouveau collectif construit avec le staff. Nous aurons une belle jeunesse à accompagner malgré les difficultés ponctuelles en termes de blessures que nous rencontrons. »

Une conjoncture que le coach, Didier Dinart va devoir apprivoiser au terme d’une préparation estivale au cours de laquelle son nouveau collectif prend progressivement ses marques. « Il a fallu s’adapter au fil de la préparation » indique le technicien. « Car on a perdu Arnau juste avant le match face à Tremblay puis Francisco lors de cette fameuse rencontre. Arnau et Robert Rosell fonctionnaient bien dans le secteur central. Entre les deux, il n’y avait pas de barrière de la langue et ils avaient de réelles affinités. Et Arnau avait un rôle prépondérant comme patron de la défense et interlocuteur privilégié pour faire du lien avec toute le monde car il parle à la fois français, espagnol et anglais. Mais on avait déjà fait des tests avec Ronaldo, au poste 3, évidemment pour faire tourner, mais il n’a jamais joué dans ce secteur avant. Il commence. On ne change pas les habitudes du jour au lendemain. On essaye de trouver des associations, cela fait partie du métier d’entraîneur. On travaille, on met des choses en place et il y a de la progression. Il faut toujours travailler d’arrache-pied car le sport de haut-niveau, c’est d’abord de la résilience, du perfectionnement, du spécifique, c’est tout ce que l’on peut essayer de faire pour mettre toutes les chances de notre côté, comme de la cohésion de groupe aussi. Toutes les équipes sont aussi basées sur ces modèles-là avec de la cohésion et donc ce sont aussi les équipes avec la meilleure fraîcheur à un moment qui peuvent faire la différence sur certains matchs. C’est aussi pour cela que l’on a fait tourner l’effectif sur le tournoi. Moi je suis un compétiteur. On a obtenu le maintien lors des deux dernières saisons, on va se battre pour faire de même cette saison, avec les moyens que l’on a. Nous, on a un effectif qui a été pas mal renouvelé, c’est un nouveau cycle et on a des cadres qui sont touchés, il faut travailler différemment car on a perdu en maturité aussi. Mais à force d’abnégation et de travail, je pense que l’on peut arriver à avancer aussi dans ce secteur. »

Ce dont ne doute pas le directeur général, Pascal Léandri qui veut voir le côté positif de ce renouvellement et des problèmes à pallier. Il enchaîne : « Il faut voir ce moment comme un challenge et pas comme une épreuve négative. Nous sommes en plein renouveau de l’équipe, en pleine reconstruction d’un groupe. Cela arrive quasiment tous les 5 ans et c’est le cas à partir de cet été après des départs dans une équipe qui avait eu une très longue vie ensemble. C’est normal. L’équipe a été construite collectivement afin de répondre le plus possible aux demandes du coach afin qu’il puisse mettre en place son projet. C’est un groupe jeune, dans sa vie d’équipe, mais aussi avec des jeunes joueurs. Mais la jeunesse a ses qualités qui doivent être travaillées. Les joueurs doivent avancer pour faire une équipe, ensemble, et aussi oeuvrer pour s’améliorer individuellement. On a eu des péripéties pendant la préparation avec des blessures qui se sont ajoutées à celle d’Aymeric Zaepfel. Malheureusement, cela fait partie du jeu. En attendant de voir la suite – et nous ne nous interdisons pas un potentiel joker mais il faut que celui-ci puisse apporter vraiment rapidement avec des besoins identifier et un budget en regard -, il va falloir que chacun apporte une petite pierre supplémentaire à l’édifice, un petit supplément d’âme pour aller chercher des résultats. Cette équipe va progresser au fur et à mesure, elle va être meilleure de jour en jour et de mois en mois. Nous avons des joueurs expérimentés comme Waël Chatti, Toke Schröder qui, même s’il a seulement 25 ans, a déjà pas mal voyagé, Gretar Gudjonsson, David Bernard qui commence à avoir un rôle plus important. Et puis nos jeunes du centre de formation auront des cartes à jouer, c’est notre ADN. En faisant souffler puis en tentant de grappiller du temps de jeu, il faut qu’ils voient les opportunités. Nous reconstruisons, l’équipe a du potentiel. Nous allons viser le maintien d’abord mais avant tout il faut que l’on fasse progresser cette équipe collectivement et individuellement. Enfin, il faut aussi être capables de relativiser certaines choses. Nous avons vécu un drame il y a quelques jours avec la perte tragique d’Etienne James Belin, le médecin de l’équipe professionnelle. Nous pensons très forts aux siens. Ces petites péripéties de blessures ne sont rien par rapport à un tel évènement. Il faut prendre cela comme un challenge de reconstruire. Nous allons avancer. »

Première étape, ce mardi à Angers, puis la seconde, samedi, à Istres.