Passé pro l’été dernier au sein du collectif des Rouge et Noir, le jeune portier maison David Bernard est désormais la doublure de Mate Sunjic – tandis que son ex alter-ego Jean-Emmanuel Kouassi est parti s’aguerrir à Strasbourg. Il veut désormais passer un cap mais doit le faire avec patience puisque le numéro 1 du club caracole. La quadrature des cages.
Il y a des rôles qui ne sont pas faciles à tenir mais qui forgent les caractères. Celui de David Bernard, depuis le début de saison, en fait partie. En effet, le jeune et talentueux gardien val-de-marnais est dans la position de celui qui doit encore apprendre, passer des caps visibles, mais n’a pas toujours l’occasion de s’exprimer en matchs. En effet, doublure du capitaine Mate Sunjic qui pointe au 5e rang des meilleurs gardiens de la Proligue avec 104 arrêts en 10 matchs, à 31 %, il n’est pas aisé pour lui d’obtenir du temps de jeu puisque le travail de son aîné est plutôt bien fait. Il glisse : « C’est sûr que c’est délicat pour moi depuis le début d’exercice car Mate est bien présent et que l’on joue notre vie sur chaque rencontre puisqu’on vise la remontée immédiate. Quand ton partenaire sort des parties à 20 arrêts, il n’y a pas grand chose à dire et on est avant tout un sport collectif donc tu ne peux qu’être content pour le groupe. Même si tu aimerais bien pouvoir faire un petit arrêt, te dire que tu as apporté ta pierre à l’édifice. Mais cela va venir. Il faut juste que je donne le meilleur de moi, que je continue de travailler, pour gagner du temps de jeu. Et je le fais, à fond, à chaque entraînement pour mettre en difficulté mes partenaires. Je sens que je progresse et je me lève tous les jours pour ça. Et attention, je ne suis pas malheureux mais cela oblige à un gros travail mental qui n’est pas toujours simple. Surtout sur ce poste qui est à maturité. Moi je suis hyper content d’avoir signé pro, je sais que je dois prendre le temps de me former et d’être prêt. »
Pour cela, le jeune homme a d’ailleurs entrepris un gros travail de fond aux côtés de Marc-Olivier Albertini, l’ex portier et président maison, champion de France 1997, aujourd’hui coach sur le poste. Le technicien détaille : « On a commencé ce travail en début d’année 2021. Et cela était nécessaire car s’il veut passer un cap et évoluer au plus haut niveau, il en avait besoin. Tout simplement car dans les parcours des gardiens, aujourd’hui, il n’y a pas toujours des spécialistes qui forment tôt. Les joueurs font parfois des choses à l’instinct mais ne savent pas toujours pourquoi cela marche ou non. Là, on travaille les placements et les positions pour qu’ils deviennent naturels. Pour que son jeu devienne encore plus efficace. Moi j’ai fait cette révolution alors que je devais avoir 25 ans… Car je savais que sinon je plafonnerais. Et lui est dans une phase où il progresse beaucoup à l’entraînement. Et il a une énorme marge car il a de réelles qualités de vitesse, de souplesse, de dynamisme. Mais ça n’est pas facile car le poste est comme une maison. Il faut avoir des bases très solides pour faire quelques choses de très beau. Et cela prend du temps. Il faut se remettre en question et réussir à ne pas trop se frustrer quand on prend un but. »
Le jeune homme abonde : « Marco m’a tout fait rebosser. Et au départ, j’étais un peu sceptique car je savais que j’allais avoir un trou dans mes performances. Mais sur le long terme, je sais que je serai plus fort comme cela. Jusqu’à un certain niveau, sans faire injure aux joueurs qui évoluent en N1, ce que je faisais pouvait suffire mais quand tu passes au cran au dessus, sur le peu de temps que j’avais, je voyais bien qu’il me manquait des choses. Face à des Gajic ou des Sanad par exemple… Je me suis rendu compte que je n’étais pas assez impressionnant comme gardien. Là, j’ai appris à être plus grand, je me sens mieux placé, notamment sur les tirs d’aile ou de loin. Mais à certains moments, tu te demandes si tu n’es pas en train de tout perdre car aux yeux des coachs il faut surtout faire des arrêts. Là, ça commence à être bon, mais c’est loin d’être excellent. »
Dôté d’un fort caractère, le dernier rempart se laisse peu de marge d’erreur. « Je veux bien faire, progresser, ne pas avoir de regrets en ayant tout donner » avoue celui dont l’ambition est légitime au regard de ses qualités et de son parcours accompli jusque-là, lui qui a découvert le handball du côté d’Illkirch-Graffenstaden à 11 ans, après un déménagement et n’avoir pu s’inscrire au basket, son premier sport, à la SIG Strasbourg, faute de place. « J’ai suivi un copain et je suis allé aux cages tout de suite… J’ai marqué un penalty et ensuite je suis allé au but. Et je n’en ai pris aucun. J’ai adoré direct… et tout s’est enchaîné. On a déménagé à Besançon ensuite et j’ai enchaîné les différents échelons. » Jusqu’à fréquenter l’USI depuis 6 saisons et justifier son contrat pro.
Compétiteur avec un caractère bien trempé, le jeune n’en est pas moins un bon camarade : « J’aime bien passé du temps avec mes partenaires comme Lucas, Louis, Antonin ou encore Ruben. On se fait des petites sessions console, on s’amuse. Et puis je profite aussi de la région parisienne. » De quoi oublier, un peu, qu’un gardien prend souvent plus de buts qu’il n’en arrête.